Explication scientifique et explication par la personne
Présentation d'une distinction classique introduite par Richard Swinburne entre les explications scientifiques (ou par l'inanimé) et les explications par la personne.
Origine de la distinction
Comme beaucoup de distinctions en rapport avec les explications, c’est Richard Swinburne qui a formulé le premier celle entre explication scientifique (ou par l’inanimé1) et explication par la personne.
Utilité de la distinction
Swinburne introduit cette distinction pour associer l’explication par l’inanimé au naturalisme et l’explication par la personne au théisme pour montrer que le théisme explique mieux que le naturalisme les différents phénomènes qu’on peut observer dans le monde.
Définitions préliminaires
Je vais donner ici quelques définitions que Swinburne utilise souvent pour rendre la suite claire et au maximum sans ambiguïtés :
Swinburne utilisera le mot substance pour désigner une “chose individuelle”. Il précise qu’il ne l’utilisera pas pour désigner un groupe qui regroupe plusieurs choses qui se ressemblent (au sens d’une espèce, d’un type, d’une catégorie, etc.). Par substance, on ne désignera donc que des exemples individuels et concrets d’une catégorie qui existent vraiment : ce chien, cette plante devant moi et non pas les chiens ou les plantes en général.
Le monde est composé d’objets - ou, comme les philosophes les appellent parfois, d’un terme plus technique, de substances. Les bureaux, les arbres, les étoiles, les atomes et les électrons tous des substances. (Je tiens à préciser que je n’emploierai pas le terme de “substance” comme un terme d’espèce - au sens où l’huile ou le soufre sont des substances - mais pour désigner des choses individuelles. C’est ce bureau ou cet arbre qui seront appelés des substances.)
SWINBURNE, Richard, Y a t-il un Dieu ?, p. 27.
Il utilise propriété au sens très général de caractéristiques que possèdent les substances (par exemple la couleur rouge de la tomate, la couleur verte de l’herbe, la forme ronde d’une balle, etc.)2.
Il utilise relation pour désigner tout lien entre plusieurs substances :
Elles sont en relation avec d’autres substances : une substance est à trois mètres d’une autre substance, ou à sa gauche, existe avant elle ou encore me paraît jaune.
Ibid.
Il utilise événement ou phénomène (des synonymes) pour désigner tout un tas de vérités factuelles (une phrase qui affirme quelque chose de vrai qui se passe causées par des substances :
Le fait d’avoir telle propriété (ce bureau a une masse de dix kilos) ou d’être dans telle relation (ce bureau est sur le sol), le changement de propriétés (ce morceau de pâte à modeler carré qui devient rond) ou des relations (je m’éloigne de vous), ou encore la venue à l’existence ou la cessation d’existence sont des événements (ou phénomènes). Les événements sont causés par des substances. C’est la dynamite qui a causé l’explosion, c’est cette boule de billard qui a provoqué le mouvement d’une autre, c’est le tireur qui a déclenché le mouvement de la gâchette. Souvent, plusieurs substances concourent à causer un même événement ; plusieurs peintres peuvent concourir à peindre une maison, le Soleil et la Terre exercent tous deux une force sur la Lune, de manière à causer son mouvement selon une certaine trajectoire.
Ibid.
Définitions et explications
Nous rentrons maintenant dans le vif du sujet :
Il existe deux sortes d’hypothèses explicatives des événements : l’explication par l’inanimé (ou scientifique) et l’explication personnelle.
SWINBURNE, Richard, God as the Simplest Explanation of the Universe, p. 1.
I. Deux sous-catégories des explications causales
Quand on parle de ces deux types d’explications, il est important de savoir de quel genre d’explication on parle. Pour Swinburne, l’explication par l’inanimé et l’explication personnelle sont deux cas particuliers de ce qu’on appelle les explications causales (celles qui font intervenir une cause) :
L’explication par la personne et l’explication scientifique sont toutes deux des espèces d’un même genre, qui est l’explication causale. Dans les deux cas, l’explication comprend une ou plusieurs substances. Dans les deux cas, ces substances ont certaines propriétés ou capacités, en vertu desquelles elles produisent leur effet.
SWINBURNE, Richard, La probabilité du théisme, p. 84.
Nous nous trouvons devant deux genres différents d'explication des événements, car il existe, pour les objets, deux manières différentes de causer des événements : la causalité inanimée et la causalité intentionnelle.
SWINBURNE, Richard, Y a t-il un Dieu ?, p. 28.
Mais encore une fois, une question se pose : de quel type de causes parle t-on ici ? En effet, il y a d’après Aristote, quatre types de causes qui correspondent en gros à quatre façons d’expliquer quelque chose (prenons une statue) :
Les causes finales qui expliquent le but de la chose (la statue a pour but de décorer un endroit) ;
Les causes formelles qui expliquent ce que la chose est (c’est la forme de la statue) ;
Les causes matérielles qui expliquent de quoi est fait (les ingrédients de) la chose (la statue est faite de marbre)
Les causes efficientes qui expliquent ce qui a créée la chose ou causé un changement en elle (c’est le sculpteur qui a fait la statue)
Comme la plupart des philosophes analytiques, Swinburne utilise cause pour parler des causes efficientes : pour lui, une cause est quelque chose qui produit/entraîne un événement (concret). De manière générale, quand vous entendez aujourd’hui explicitement le mot cause, il est quasiment utilisé dans le sens de cause efficiente comme c’est le seul sens que les gens ont gardé en gros après le Moyen-Âge. Pareil donc pour l’expression explication causale qui désigne une explication qui fait appel une ou plusieurs causes efficientes. Par contre, retenez bien la notion de cause finale (but, intention, finalité, etc.) car elle apparaît implicitement dans l’explication de la personne que je présente après.
C’est une bonne nouvelle que Swinburne précise qu’il parle bien d’explications causales (même si c’est intuitif) comme il existe d’autres types d’explications qui ne font même pas intervenir des causes comme les explications “abstraites” ou “logiques”3 et des explications morales. Pour les premières, par exemple quand on cherche à expliquer en mathématiques pourquoi un théorème en vrai comme le théorème de Pythagore qu’on voit au Collège : on donne une démonstration mathématique qui l’explique. Pour les secondes, par exemple quand on cherche à expliquer pourquoi une action est mauvaise comme agresser quelqu’un pour voler son IPhone. Ce n’est bien sûr pas ce dont il s’agit ici.
Comme Swinburne, j’utiliserai donc toujours dans la suite explication au sens d’explication causale.
II. Les explications scientifiques (ou par l’inanimé)
La définition courte : Une explication scientifique/par l’inanimé, c’est une explication qui sert à expliquer des événements qui ne font intervenir que des choses inanimées comme causes (impersonnelles) à l’aide de deux ingrédients : la cause (le “quoi”) de l’événement (les conditions initiales) et (le “pourquoi”) le principe qui explique comment la cause a fait pour le produire (la loi de la nature).
Rentrons maintenant dans les détails. Pour reprendre Swinburne :
Dans une explication par l’inanimé, nous expliquons un événement en termes de conditions initiales (ou de cause) C et d’une régularité ou d’une loi de la nature (N) tels que prises ensemble, elles rendent nécessaire ou probable l’arrivée de l’événement (E).
SWINBURNE, Richard, God as the Simplest Explanation of the Universe, p. 1.
En termes : (1) de conditions initiales dans lesquelles se trouve la substance qui cause l'événement, conditions qui déclenchent son action ; (2) de lois de la nature qui établissent les propriétés et les dispositions des substances de cette catégorie […] l'explication par l'inanimé se résume simplement par l'équation : conditions initiales + lois de la nature = événement.
SWINBURNE, Richard, Y a t-il un Dieu ?, p. 28.
Une explication par l’inanimé est donc une explication qui explique un événement à l’aide de deux “ingrédients” :
Les conditions initiales : ce sont les caractéristiques de la substance qui est la cause de l’événement et qui lui permettent de produire l’événement ;
Une (ou plusieurs) loi de la nature : c’est la règle/le principe général qui explique comment les conditions initiales a pu produire l’événement (c’est la description des propriétés de la substance)
On les utilise souvent en sciences : en mathématiques, physique, chimie, biologie, etc. D’où l’un des deux noms que Swinburne leur donne : explication scientifique.
Swinburne donne des exemples concrets qui viennent tous de la science :
Quand la dynamite provoque une explosion, elle le fait en vertu de la propriété qu'elle a de le faire et de sa disposition à exercer cette propriété sous certaines conditions : sa mise à feu avec une température et une pression données. Elle est forcée de causer l'explosion sous ces conditions : elle nia pas le choix, et aucun projet n'entre dans ce processus.
SWINBURNE, Richard, Y a t-il un Dieu ?, p. 28.
Pour prendre un exemple simple, nous expliquons la dilatation d'un morceau de fer (E) en disant que "le morceau de fer a été réchauffé" et que "tout morceau de fer chauffé se dilate" (N). Nous expliquons la position actuelle de Mars en fonction de sa position et de celle du soleil hier et au cours des derniers jours (C) et des trois lois du mouvement de Kepler (N) qui, ensemble, entraînent sa position actuelle (E).
SWINBURNE, Richard, God as the Simplest Explanation of the Universe, p. 1.
Le premier exemple, c’est celle de la dynamite qui explose sous certaines conditions : les conditions initiales sont la dynamite avec sa température et sa pression à un moment donné, la loi de la nature en question, c’est “la dynamite explose à partir d’une température et d’une pression précises”.
Le second exemple, c’est “l’agrandissement” d’un bout de fer quand on le réchauffe : les conditions initiales, c’est le bout de fer avec sa température (résumé par la phrase “le morceau de fer a été réchauffé”), et la loi de la nature qui est la règle “tout morceau de fer chauffé se dilate” et qui s’applique ici car le morceau de fer est chauffé. Ce qui explique l’extension du fer.
Le deuxième exemple, c’est le déplacement de la planète Mars (genre d’exemples qu’on étudie souvent en physique au lycée). Les conditions initiales, c’est sa position et celle du Soleil lors des derniers jours, et les lois de la nature, ce sont les lois de Kepler qui sont des règles sur les mouvements des planètes. Grâce à ces deux ingrédients, on est capable de prédire où Mars ira dans le futur.
III. Les explications par la personne
La définition courte (en gros, une explication qui explique une événement en disant que quelqu’un l’a faite pour accomplir un objectif/un but) :
J'appellerai « explication par la personne » une explication en termes d'action intentionnelle d'un agent rationnel.
SWINBURNE, Richard, La probabilité du théisme, CLAVIER, Paul (trad.), p. 59.
La définition plus longue :
Dans une explication par la personne, nous donnons une explication en termes de personnes (S), avec des capacités d'action (P), des connaissances et des croyances (B) et des buts (G). […] On peut rajouter qu'on explique les buts des personnes aussi en fonction de leurs désirs (D) et de leurs croyances (B).
SWINBURNE, Richard, God as the Simplest Explanation of the Universe, pp. 1-2.
A l’inverse des explications scientifiques, les explications par la personne font intervenir des agents rationnels avec des buts. Voici quelques définitions pour éviter tout malentendu :
Un agent, c’est ce qui fait l’action/qui agit4 : c’est en gros ce qu’on appelle traditionnellement la cause efficiente.
Un agent rationnel, c’est un agent qui “agit pour des raisons ou dans un but décidé”5 : en gros, un agent qui fait son action avec un but, un objectif derrière la tête.
Une personne, c’est “un agent rationnel qui possède au minimum la complexité de sensations, de désirs, de croyances, etc. typique de l’être humain”6 : en gros, un agent rationnel qui est au moins à notre niveau (au moins aussi intelligent que nous).
Un but (ou intention), c’est “ce qu’un agent voulait voir se produire du fait de son action”7 : en gros, l’objectif de la personne quand elle fait son action (c’est une cause finale).
Une action intentionnelle, c’est “une action que l’agent a une raison d’accomplir ou qu’il accomplit dans un but - soit le simple but d’accomplir l’action pour elle-même, ou bien un but plus étendu que l’accomplissement de cette action permet de faire avancer“8 : en gros, une action où une personne a fait ce qu’elle voulait faire (son but), soit son objectif ultime, soit une étape intermédiaire, un moyen pour accomplir son véritable objectif.
Un désir (ou souhait), sous-entendu d’accomplir une action, c’est “une inclination exerçant une influence causale sur l’accomplissement de l’action, laquelle peut coïncider ou non avec un jugement de l’agent estimant que, tout compte fait, il est bon d’accomplir cette action“9 : en gros, ce qui nous pousse dans notre volonté à faire une action.
Swinburne appelle ces explications explications par la personne car “les personnes sont des cas emblématiques d'agents rationnels”10 : en gros, il utilise le mot personne au lieu de l’expression agent rationnel car personne est la première chose qui nous vient en tête quand on pense à un agent rationnel.
Pour finir, il faut préciser dans l’explication par la personne, l’explication (l’explanans) ne se réduit pas à quelque chose de physique mais implique quelque chose d’immatériel.
Swinburne donne les exemples suivants (bouger ma main, un assassin qui tue quelqu’un pour voler son argent, le terroriste qui commet un attentat à la bombe) assez clairs :
Nous expliquons que ma main bouge (E11) en faisant appel à moi-même (S), à ma capacité de bouger ma main (P), à mon intention de capter votre intention (G) et au fait que je crois qu'ainsi, mon objectif sera accompli (B).
SWINBURNE, Richard, God as the Simplest Explanation of the Universe, p. 2.
Lorsqu'un enquêteur, à partir de certaines taches de sang sur les boiseries, d'empreintes digitales sur le métal, du cadavre de Smith sur le plancher, de l'argent qui manque dans le coffre, et du fait que Jones se trouve subitement plus riche, en conclut que Jones a tué intentionnellement Smith et lui a volé son argent, il argumente en faveur d'une explication des divers phénomènes en termes d'action intentionnelle d'un agent rationnel.
SWINBURNE, Richard, La probabilité du théisme, CLAVIER, Paul (trad.), pp. 59.
Si la dynamite a été mise à feu, c'est parce que, mettons, un terroriste a déclenché la mise à feu. Le terroriste a déclenché la mise à feu parce qu'il avait la capacité de le faire, parce qu'il croyait qu'en le faisant, il provoquerait l'explosion, et qu'il avait pour but de provoquer une explosion. Il a choisi de déclencher la mise à feu, il aurait pu agir autrement.
SWINBURNE, Richard, Y a t-il un Dieu ?, p. 28.
Comme on le voit avec ces exemples, on retrouve les explications par la personne non pas dans la science (ce qu’on appelle les sciences dures ou disciplines scientifiques) mais plutôt dans des disciplines des sciences humaines comme la psychologie, la sociologie et dans les enquêtes policières.
IV. Quel lien entre explications scientifiques et explications par la personne ?
En gros, une explication scientifique peut expliquer plus en profondeur une explication par la personne et vice-versa. Dans le premier sens, Swinburne explique :
La causalité inanimée et la causalité personnelle peuvent interagir. Il arrive que l’une explique l’existence et le fonctionnement des facteurs à l'œuvre dans l’autre. La science physique explique pourquoi un boulet, lâché du sommet d’une tour de vingt mètres de haut, atteint le sol en deux secondes. Mais on peut se demander en termes de personne pour quelle raison a été lâché le boulet. Peut-être est-ce Galilée qui l’a lâché afin de tester la loi de chute des graves qu’il se proposait d’établir.
SWINBURNE, Richard, Y a t-il un Dieu ?, p..
Et dans l’autre sens :
Inversement, des capacités, des connaissances, des opinions et des projets proprement humains sont causalement affectés par l’arrivée de rayons lumineux sur ma rétine, ou d’ondes sonores à mes tympans. Le processus de formation de ces jugements n’implique pas, de la part des rayons lumineux, la moindre intention de provoquer mes jugements : le processus peut être analysé, au moins en partie, en termes de propriétés et de dispositions d’objets inanimés. [...] De même, mes projets se forment sous l’influence d’appétits ayant leur origine dans l’état de mon corps. Ma faim, par exemple, est causée par le vide de mon estomac. [...] La causalité inanimée peut donc interférer avec la causalité personnelle. Des facteurs inanimés contribuent donc à façonner nos choix et nos choix contribuent à façonner le monde inanimé.
Ibid.
V. Quelques ambiguïtés sur la distinction explication scientifique/par l’inanimé vs. explication la personne
Les expressions explication par l’inanimé et explication scientifique prêtent chacune à confusion sur la distinction en question. Concernant l’explication scientifique :
Ce terme peut nous égarer un peu, puisqu’en opposant “explication scientifique” et “explication par la personne”, j’ai l’air de sous-entendre qu’il ne peut pas y avoir de “science” portant sur les personnes, au sens d’une théorie intégrée du comportement des personnes. Telle n’est pas mon intention. Mais si je donne au genre d’explication que j’analyse au chapitre II le nom d’”explication scientifique”, c’est parce que c’est le genre d’explication auquel on recourt dans la plupart des disciplines scientifiques.
SWINBURNE, Richard, La probabilité du théisme, CLAVIER, Paul (trad.), p. 59, NDB.
Concernant l’explication par l’inanimé :
Ailleurs (dans Is there a God?, Oxford University Press, 1996) j’ai utilisé le terme d’”explication par l’inanimé”, ce qui comporte également un sous-entendu trompeur que je souhaite éviter, comme s’il ne pouvait pas y avoir de lois scientifiques qui relient événements physiques et mentaux.
Ibid, pp. 59-60, NDB.
VI. Deux types d’explications exhaustives
Pour Swinburne, il n’y a pas d’autre type d’explications causales que les explications scientifiques et les explications par la personne : c’est à chaque fois soit l’un, soit l’autre.
L’explication scientifique et l’explication par la personne sont les deux seuls genres d’explication possibles […]
SWINBURNE, Richard, La probabilité du théisme, p. 87.
En notes de bas de page, il mentionne quand même une troisième possibilité : les explications axiarchiques défendues par exemple par John Leslie et Nicholas Rescher. Il les rejette car contrairement aux explications scientifiques et par la personne, on n’en observe aucun exemple dans le monde (en gros, elles ont un très faible pouvoir prédictif) :
C’est l’explication suivant laquelle les phénomènes viennent à l’existence parce qu’il est bon qu’ils existent. [...] Dans ce livre, je propose d’expliquer l’existence de l’univers avec ses différentes caractéristiques par une personne, Dieu, qui les a produits parce qu’il estimait que ces choses étaient bonnes. Telle n’est pas la suggestion de Leslie et des autres, pour qui il y a un principe impersonnel qui est à l'œuvre pour faire exister de bonnes choses parce qu’elles sont bonnes. […] Leslie et ses partisans suggèrent que le principe axiarchique fonctionne en produisant de bonnes choses à partir de rien. Le problème, c’est que, tandis que nous avons d’innombrables exemples de phénomènes dans le monde qu’une explication scientifique ou une explication par la personne expliquent correctement (à savoir en termes d’action de personnes ordinaires ou de substances inanimées), nous ne disposons pas d’exemples de quoi que ce soit qui se mettrait à exister parce qu’il est bon qu’il en soit ainsi. Si la nourriture apparaît sur la table d’un affamé, ce n’est jamais parce qu’il serait bon que ce soit le cas, mais uniquement parce que quelqu’un l’y a apportée, estimant qu’il en soit bon ainsi. Nous ne disposons donc d’aucun critère que nous pourrions extrapoler à partir de notre expérience du monde pour juger quand une explication de ce genre a des chances d’être correcte et quand ce n’est pas le cas. En revanche, nous disposons de critères pour juger quand les explications scientifiques ou les explications par la personne que l’on avance ont ou non des chances d’être correctes : j’expose ces critères au chapitre III. En l’absence de critères permettant de juger la valeur d’une explication axiarchique de l’existence de l’univers, nous n’avons aucune raison de supposer qu’une telle explication a des chances d’être correcte.
Ibid, pp. 88-89.
Ce sera tout pour aujourd’hui... Je rajouterai des détails plus tard au fur et à mesure des besoins.
Pour aller plus loin
On peut consulter l’article cité en entier
Les sections pertinentes dans Y a t-il un Dieu ?, pp. 27-41 et dans La probabilité du théisme, pp. 61-88.
J’utiliserai comme Swinburne les deux expressions de façon interchangeable comme des synonymes même si l’on verra que chacune apporte elle son propre point faible : sa propre ambiguïté à dissiper.
Référence dans La probabilité du théisme à retrouver…
J’utilise explication abstraite et explication logique car je ne connais pas les termes utilisés dans la littérature académique.
Swinburne ne définit pas ce mot, mais je pense que c’est évident qu’il signifie cela.
SWINBURNE, Richard, La probabilité du théisme, CLAVIER, Paul (trad.), p. 59, notes de bas de page.
Ibid.
Ibid, p. 74.
Ibid, p. 59.
SWINBURNE, Richard, La probabilité du théisme, p. 83.
Ibid, p. 59.
E est un symbole qui représente n’importe quel événement.